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Poèmes Épars, Le site.

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Ce blog recueille les activités des membres de Poèmes Épars ainsi que celles de nombreux intervenants, collaborateurs et amis, au programme : Art, Culture, Poésie, Littérature, Peinture, Photographie, Sculpture, Musique, Politique ...


"Il n’y a pas d’enfants des autres" Jeanne Shobutynskaya

Publié par POEMES_EPARS sur 9 Mars 2024, 18:43pm

Il n’y a pas d’enfants des autres

La célèbre cathédrale Notre-Dame.

Une marque dorée est apparue autrefois à l’entréede l’édifice sacré. Jusqu'à ce jour, elle était utiliséepour mesurer les distances routières dans différentes directions depuis la capitale de France...

Il est impossible de ne pas remarquer ce splendide bâtiment de couleur miel,et quand on le remarque, il est impossible de ne pas l’admirer.C’est une église catholique construite dans le style gothique primitif, ornée d’une gigantesque rosace entre deux tours qui, dans la douce lumière de l’après-midi, me fait penser à une fabuleuse maison en biscuit ouà une maison recouverte d’un manteau de lumière et les statues en pierre des saints qui embellissent la façade se ressemblent tant qu'elles se lient entre elles pour ne plus former qu’une seule et même ligne ininterrompue. On pense que les nombreuses chimères qui guettent de chaque côté du bâtiment servent à la protéger de la peur et de l'anxiété.

Charlemagne, qui au début du Moyen Âge fonda l’empire des Francs, entouré de soldats féroces, s’est figé sur un piédestal massif à côté de la cathédrale. L'empereur redoutable, assis sur un cheval de bronze, fronce ses épais sourcils et suit de près tout ce qui se passe sur la place. Il est fort possible qu'il ait également envie de déguster les pains des maîtresboulangers venusde toutes ses terres.

On peut apercevoir juste en face de la cathédrale, comme un moelleux nuage, une immense tente blanche. Selon les tabloïdes criants, un miracle était en train de se produire sous la tente lumineuse: ici, ils sont en train de préparer du pain. Les boulangers de toutes les provinces françaises, emportant avec eux leur savoir-faire, s’étaient rendus à Paris pourenfin désigner quelle baguette est la plus légère, quel petit pain ressemble le plus à une vieille pièce d’or, quel croissant a la croûte la plus parfaitement dorée.Les maitres-boulangers du matin font preuve de magie avec la farine blanche et les bolsremplis de la pâte. Ils implorent la nature du feu pour obtenir de l'aide. Sa Majesté le Feu doit compléter le travail sur ces nombreuses œuvres d’artscomme les fines baguettes, les petits pains dorés au chocolat ou raisins secs et les croissants traditionnels.

Encore bien chaudes, les baguettes sont rigoureusement numérotées et alignées sur la table devant un jury pointilleux. Pour ma part, leur goût ne semble pas vraiment différent. Une atmosphère mystérieuse plane dans la tente. En ce moment, l'attention est portée sur les experts qui, sans remarquer quoi que ce soit autour, discutent tranquillement sur le sujet de tel ou tel chef-d'œuvre culinaire. Enfin, le moment tant attendu est arrivé : le vainqueur de l'action magique est désigné ! La tension sous la tente s’apaise progressivement, se transformant en applaudissements en son honneur. Une cérémonie solennelle destinée à célébrer le pain et à rendre hommage à ceux qui ont passé toute leur vie à servir cette cause avec ardeur et dévouement se prépare pour bientôt. Tout comme leurs ancêtres l’ont fait durant de nombreuses années, lesanciens de l’artel de boulangerie enfilent lentement des robes en tissu, des plaques sur des chaînes épaisses et des chapeaux avec des plumes.Les artisans boulangers, au contraire, changent rapidement les tabliers de travail blancs en bleu. Prenant d’énormes paniers avec des petits pains dorés, les mêmes qui ressemblent à des pièces d’or, ils s’aligneront derrière les anciens. Le chef boulanger reprend le standard avec les symboles de cet honorable métier et fait le premier pas. En suivant ces symboles, la procession se dirige majestueusement vers la cathédrale Notre-Dame. Les voix bourdonnantes et les appareils photos crépitants interrompent violemment les sons aigus des cornes anciennes. Des hérauts en costumes de stylemoyenâgeux de velours vert, brodés d’un gallon doré, aux manches chamois, en cols de dentelle rigide et en bérets à plumes d’autruche, informent Paris : « les maîtres-boulangers marchent sur la place ».

La Cathédrale Notre-Dameouvre chaleureusement ses portes décorées de fines dentelles métalliques, accueille cette procession solennelle, et ceux qui ont fait un bon travailprennent maintenant la place sur des chaises dans les premières rangées même de l’autel. Lorsque je me retrouve dans l'obscurité du temple, je remarque une fois de plus que les bas-reliefs et les statues me submergent avec une sensation désagréable, tandis que dans les vitraux colorés et pleins de vie, je suis prête à me fondre. Les immenses vitraux ont rempli les hauts plafonds de lumière et de couleurs éclatantes. La lumière du soleilqui tombe sur les morceaux de verre colorés se transforme en myriades de gouttes de vie. C’est étrange, mais le fait est que les fonds pour les plus beaux vitrauxqui se trouvent sur quatre coins du monde, ont été donnés il y a huit siècles par des prostituées locales. L'archevêque Guillaume de Paris, qui a béni la cathédrale en 1063 et qui a décrit cet événement historique, n'a pas esquivé ce fait plutôt amusant.

Après avoir présenté les baguettes gagnantes sur ses paumes, l'homme de fois les dépose sur l'autel, où elles prennent leur place d'honneur. Après avoir prononcé une prière de bénédiction au Seigneur, le prêtre entame la cérémonie solennelle de la bénédiction du pain. C’est à ce moment que le son de la modernité fit irruption ; pour une raison inconnue, c'est à cet instant même que mon téléphone eu envie d'attirer l’attention en se mettant à clignoter et à jouer des mélodies connues.

- « Est-ce que vous pensez prendre la place de l'évêque, madame ? »fus-je interrogé par une voix irritée.

- « Pas du tout... »ai-je murmuré en réponse en quittant précipitamment le temple.

"Je n’ai probablement pas besoin d’être là", me rassurai-je,puis je me dirigeai vers le quai de Seine.

... La partie historique de la ville ce soir-là était particulièrement animée et bruyante. C’est alors qu’un garçon aux cheveux bouclés et à la peau dorée tomba sous mes yeux. Il n’avait pas plus de cinq ans.Avec ses petits pieds chaussés de baskets, le petit arpentait la rue avec confiance, et de temps en temps,le regard curieux de ses yeux sombres s’arrêtait sur la vitrine de la boutique de souvenirs. Je ressenti de l'inquiétude quand je réalisai que, pour une raison inconnue, l’enfant était seul dans la foule. J’entamais prudemment une discussion avec le petit voyageur. Le garçon me pris la main en m’entraînant dans son exploration de l’environnement. Il découvrait le monde, tandis que je regardais autour de moi dans toutes les directions, car j'étais persuadée que le petit était recherché par ses parents.

- « Et où allons-nous, Amin ? » Heureusement, le garçon fut appelé par son prénom. Cette question provenaitd’un grand homme d’apparence orientale. Le garçon, sans hésitation, lui tendit ses mains, et moi,j’expirais un soupir desoulagement.

- « Trouvé! » dit fièrement le père heureuxen parlant au téléphone, à priori à la mère de ce petit explorateur.

Alors que le petit se comportait de manière très naturelle en présence de sa famille, une mère effrayée, accompagnée de deux garçons plus âgés, émergea de la foule.

- « Madame, comment peut-on vous remercier ? » babillaient quelque chose comme ça les parents excités.

- « Veuillez commander à votre petit chercheur un badge avec l’adresse et vos numéros de téléphone pour éviter de déranger inutilement la police. »

A ce moment-là, je compris que l’épisode sur le quai de Seine n’était pas le premier dans leur famille...

 

Jeanne Shobutynskaya

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